Le nom d’Oswald Spengler (1880 – 1936) est souvent associé au titre de son œuvre-somme la plus connue, le Déclin de l’Occident (1918-1922), avec laquelle il devint rapidement célèbre. Œuvre monstrueuse, aux intuitions géniales et novatrices comme aux passages obscurs, inspirée par une vision de l’histoire organique et certains thèmes nietzschéen (le déclin, la volonté de puissance) redéfinis dans une perspective historiciste, le Déclin porte en lui tout ce que Spengler fit avant ou après lui. Penseur majeur de la « Révolution conservatrice » allemande, son anti-parlementarisme ne doit pas faire oublier son aversion pour le national-socialisme qui devient totale voire courageuse dans Années décisives (1933). Tout lecteur de Spengler ne peut se défendre d’une certaine fascination, parfois à son corps défendant, pour la justesse de certaines visions de l’essayiste, presque prophétiques, et ses anticipations, que ce soit de la seconde guerre mondiale, ou encore de la décolonisation, de la technique, de la décadence spirituelle et des crises de civilisation qui devaient surgir dans la deuxième moitié du XXe siècle (L’Homme et la Technique, 1931). D’une langue riche et souple, non dénuée de passages parfois datés, son œuvre demande à être redécouverte, hors des mythes laudateurs ou des aversions automatiques, pour ce qu’elle contient d’intemporel et de matière à penser.